À écouter aussi
À écouter aussi
Thomas Boisserie a créé le premier site de vente de loisirs aux enchères en France.
"Après des études de commerce dans une école orientée nouvelles technologies, Thomas est en charge pour Aide et Action, de trouver des partenaires pour financer les projets d’éducation portés par l’ONG. Puis il travaille au CAPC (musée d’art contemporain de Bordeaux) toujours dans le domaine du mécénat.
Il pense à quitter le fonctionnariat quand il rencontre, de manière fortuite (ou pas…), un Hollandais avec lequel il discute d’un site de vente de vacances aux enchères créé huit ans auparavant. Avec un chiffre d’affaires de 100 millions d’euros, il est aujourd’hui leader des vacances en Hollande et touche un quart de la population.
En France, ce type de service n’existe pas. Il n’y a pas non plus vraiment de règle en matière de stratégie pour définir le meilleur prix au meilleur moment, si ce n’est la loi de l’offre et de la demande. C’est de ce double constat qu’est née loisirsencheres.com. Thomas a trente et un ans quand il crée une société multiculturelle avec six autres associés (français, espagnols, hollandais). Le statut de SARL qui leur a été initialement conseillé s’avère inadapté à leur fonctionnement, car les investisseurs refusent de placer leurs capitaux dans ce type de société. Pour pouvoir procéder à deux levées de fonds importantes (800 000 €), ils doivent basculer en SAS, ce qui leur coûte cher. L’activité réelle commence en juillet 2014.
Loisirsencheres.com est une application e-commerce BtoC, unique en France, qui permet d’acheter des vacances aux enchères. Son créneau, c’est le charme et l’atypique. Elle a une clientèle francophone et grand public.
L’équipe est actuellement constituée de six dénicheurs qui scrutent Internet, arpentent les salons et battent la campagne à la recherche des bons partenaires. Lorsqu’ils trouvent par exemple l’établissement idéal, ils négocient avec l’hôtelier deux cents nuitées sur six mois. Chaque nuitée est mise aux enchères à un euro sur le site, où les clients s’inscrivent gratuitement. À la fin du compte à rebours (d’une semaine à quelques minutes suivant le produit), c’est la personne qui a fait la proposition la plus importante qui remporte l’enchère. Elle reçoit un bon et peut alors réserver son séjour. L’application s’engage à ce qu’elle soit traitée comme les clients qui ont payé plein tarif. Les retours des clients sont très bons ainsi que ceux des partenaires, qui re-signent à 90 % après les six premiers mois d’essai.
Avant son lancement, loisirsencheres.com a appliqué la méthode du lean start up : essai auprès d’une population test avec un site simplifié, puis analyse des chiffres et des retours des clients pour ajuster le tir.
Pour transformer une vision (large) en une idée (plus précise et réaliste), un créateur gagne plus à parler de son idée autour de lui qu’à la cacher de peur qu’elle lui soit volée. Ensuite, il doit apprendre à déléguer. Les collaborateurs que la société recrute (moyenne d’âge actuelle de l’équipe : 26 ans) font partie de la génération Y qui ne fonctionne plus sur le « comment on fait », mais sur le « pourquoi on le fait ». Et cela ne peut pas marcher dans un environnement où le patron confisquerait le pouvoir de manière autocratique.
"
La société a obtenu un prêt et des subventions de la BPI et du Conseil régional.
Quand une société démarre, même avec une croissance forte, elle demeure très fragile. Certains la voient comme un bœuf (ce qu’elle devient), mais elle pense encore crapaud. Les accompagnements dont bénéficie toujours loisirsencheres.com de la part de la pépinière Éco-Créa des Chartrons de Bordeaux et de BGE sont donc très importants.
En dix-huit mois, le site est passé d’une enchère par jour à trois cents. Depuis le démarrage, Thomas a recruté une personne par mois. L’équipe compte aujourd’hui vingt salariés. Son premier objectif est d’atteindre l’équilibre, ce que la société fera avant de souffler sa deuxième bougie.
