Ceralep SN, entreprise presque centenaire basée dans la Drôme, est positionnée sur un marché de niche : la fabrication d'isolateurs pour la distribution de l'énergie dans le domaine de la haute et de la très haute tension. Au cours de son histoire, cette société, reconnue mondialement, a été vendue successivement à de grands groupes français ou européens. En 2000, elle a finalement été rachetée par un fonds de pension américain, PPCI.
Trois ans après, en septembre 2003, l'entreprise, considérée comme insuffisamment rentable au plan financier, a déposé son bilan, avec à la clé, la suppression de 90 emplois. Une dizaine de salariés, résolus à se battre pour conserver leurs emplois et sauver cette entreprise à la pointe de l'innovation, ont fait une demande de RES (Reprise d'une Entreprise en difficulté par ses Salariés), qui n'a pas abouti, le tribunal de commerce la jugeant peu crédible.
Ils ont alors changé de stratégie et opté pour la réanimation sous forme de SCOP. Le projet a été présenté début février 2004, par Robert Nicaise, 54 ans, syndicaliste de la CGT, qui était devenu responsable sécurité, après être entré dans l'entreprise à 16 ans, comme ouvrier. L'Union Régionale des SCOP en Rhône-Alpes a accepté d'accompagner cette démarche, avec une exigence : les futurs salariés-associés devaient participer au capital social de l'entreprise en apportant 100 000 euros. Mais les 52 salariés qui s'étaient engagés dans le processus de réanimation n'ont pu avancer que 52 000 euros. Ils ont alors fait appel à des dons privés et ont fait des collectes sur la voie publique. Les habitants et les collectivités locales se sont mobilisés et ont réuni plus de 50 000 euros.
Le 14 avril 2004, après la réussite du plan de transformation en SCOP, Ceralep SN a repris ses activités, avec à sa tête Robert Nicaise, mandaté par le Conseil d'Administration. L'entreprise a gardé la confiance de ses clients traditionnels : RTE (EDF), SNCF, AREVA, ABB, TRENCH, SIEMENS, EGIC, CEGELEC, PRYSMIAM, SILEC, INEO.
Elle a pu aussi conserver ses locaux, grâce à la Communauté de Communes des Deux Rives qui en avait fait l'acquisition. Céralep SN s'est lancé dans des travaux d'aménagement et de modernisation (mise en ligne de l'outil de fabrication permettant d'augmenter sa capacité de production).
D'autre part, elle a deux projets de diversification : la fabrication de cuves en céramique pour l'enfouissement des déchets radioactifs de basse et moyenne densité, ainsi que d'électrofiltres pour capter les poussières des fumées industrielles.
Désormais, l'entreprise appartient donc à ses salariés-associés. Chaque futur embauché a l'obligation de devenir associé et de contribuer au renforcement du capital social de l'entreprise, en versant 4 % de son salaire, à concurrence de 3 mois de salaire brut. Les membres du Conseil d'Administration sont élus par tiers tous les deux ans. Chaque associé détient une voix. Les résultats (dividendes et participation) sont répartis tous les ans en fonction du nombre de parts de chacun.